USCOMA (Utilisation du Smartphone en COnduite Manuelle et Automatisée) est un projet financé par la Délégation à la Sécurité Routière, réalisé par le CEESAR en collaboration avec l’Université Gustave Eiffel, le LAB et WASSA, traitant de l’utilisation du smartphone au volant.
Le CEESAR dirigeait le lot 1, qui visait à caractériser l’utilisation actuelle et les scénarios d’utilisation du Smartphone au volant, en utilisant une base de données en conduite naturelle, la base de données UDRIVE.
Le lot 2, réalisé par l’Université Gustave Eiffel, étudiait l’utilisation du smartphone en conduite automatisée, grâce à des expérimentations en simulateur de conduite.
Ce projet a été clôturé en 2023.
Projet terminé ✓
Page du projet sur le site de la DSR – Fiche de synthèse du lot 1 – Rapport du lot 1
Objectifs
L’objectif des travaux menés dans le cadre du lot 1 du projet USCOMA est de caractériser l’utilisation actuelle du smartphone au volant par les conducteur·trice·s français·e·s, en apportant des éléments de réponses étayés aux questions de recherches suivantes : quelles sont les différences d’utilisation entre conducteur·trice·s, il y-a-t-il des profils types d’utilisateur·trice identifiables? Quels sont les facteurs qui influent sur l’utilisation du téléphone? Quels sont les scénarios typiques de manipulation du téléphone au volant? Quels sont les impacts de l’utilisation du téléphone sur la conduite ?
Méthodologie
La compréhension des nouveaux usages du smartphone est appréhendée par l’utilisation combinée de deux outils : la base de données en conduite naturelle UDRIVE, la plus riche collectée en Europe ces dernières années, et un algorithme d’identification des utilisations du smartphone, basé sur un modèle de machine-learning de reconnaissance d’images. L’entrainement et le test d’un tel algorithme a nécessité l’annotation de près de 50 000 images et a permis une détection en continu de l’utilisation du téléphone à la main ou à l’oreille par les conducteur·trice·s, sur les 12 500 heures constituant la base de données UDRIVE France. En parallèle, l’enrichissement par algorithmes des données collectées (CAN Véhicule, GNSS, caméra intelligente détectant obstacles et marquages) a permis d’obtenir une caractérisation détaillée de l’environnement de conduite et du comportement routier des conducteurs.
Résultats
Plusieurs résultats significatifs ont été obtenus dans le projet USCOMA en lien avec les questions de recherches posées.
Premièrement, on observe en circulation une utilisation « à la main » plus de 24 fois plus fréquente qu’ « à l’oreille » (1.12 utilisation par heure contre 0.045). Ces utilisations à la main sont également en moyenne beaucoup plus courtes et fragmentées. Ces observations sont cohérentes avec les précédents résultats du projet UDRIVE, même si les fréquences d’utilisation relevées sont sensiblement supérieures.
Deuxièmement, on observe une grande disparité dans le recours au téléphone entre les 43 conducteur·trice·s ayant participé·e·s à l’étude. Ainsi, on observe un rapport de 1 à 100 dans la fréquence d’utilisation entre les plus gros·ses et les plus petit·e·s utilisateur·trice·s. On note aussi des différences dans le type d’utilisations : les conducteur·trice·s qui utilisent fréquemment leur smartphone à la main ne sont pas forcément ceux·elles qui l’utilisent à l’oreille.
Troisièmement, cette étude a permis de dégager des types de situations où l’utilisation du téléphone est bien plus fréquente. Ainsi, l’utilisation à la main est plus fréquente en milieu urbain et, dans une moindre mesure, sur autoroute. Quel que soit le contexte et le type d’utilisation, on observe également une diminution de la fréquence d’utilisation lorsque la vitesse augmente, jusqu’à un seuil d’environ 40 km/h au-delà duquel cette fréquence semble rester constante malgré le risque accru pour le·la conducteur·trice et les autres usagers en cas d’éventuelle collision. A l’inverse, la fréquence d’utilisation est particulièrement élevée à faible vitesse (<20 km/h). La fréquence maximum d’utilisation est d’ailleurs atteinte à l’arrêt, avec des utilisations qui se font dans le cadre de scénarios typiques de manipulations, tels que les bouchons, l’attente dans une file de véhicule ou à un feu rouge. L’utilisation à la main dans ces contextes est en moyenne plus de 6 fois plus fréquente qu’en mouvement. Si ces utilisations à l’arrêt présentent peu de risque en elles-mêmes, l’étude a montré qu’elles débouchent sur une probabilité plus de 50 fois plus importante d’avoir une utilisation en mouvement dans les instants qui suivent.
Enfin, cette concentration de risques liés à l’utilisation du smartphone au volant, et à la déconcentration qui en résulte, a pu être mise en évidence grâce à une augmentation sensible du nombre d’avertissements de sécurité remontés pendant ces séquences d’utilisation. Ces avertissements, détectés par un capteur optique embarqué, correspondent soit à une alerte de franchissement de ligne, soit à un risque de collision frontale contre l’obstacle précédant l’égo-véhicule. Si leur apparition n’est pas toujours synonyme d’une faute d’inattention du conducteur·trice, l’augmentation significative de leur fréquence pendant les phases d’utilisations, ou entre deux phases, démontre le sur-risque inhérent à l’utilisation du smartphone en conduisant. Celui-ci a pu être quantifié, avec une probabilité d’apparition d’un avertissement de collision frontale et de franchissement de ligne plus de 2 fois plus importante pour une utilisation à la main.
En conclusion, les travaux USCOMA rapportés ici, ont pu démontrer l’existence de schémas d’utilisations répétés du smartphone causant une dégradation sans équivoque de la qualité de conduite et apparaissant dans des types de situations bien identifiés.