Biomécanique des chocs

La mission du Département de Traumatologie et BioMécanique des chocs (DTBM) est de caractériser la réponse du corps humain aux chocs, en documentant par l’expérimentation l’occurrence des lésions et la cinématique des différents segments corporels. Le but est de traduire cette connaissance sur les outils de l’industrie, tels que les mannequins de crash tests ou les modèles numériques de corps humain, afin qu’ils soient capables d’évaluer le risque de blessure dans des conditions d’impacts variées.

Le DTBM contribue au développement, à l’évaluation, et à l’optimisation de ces outils, dans une démarche d’amélioration continue.

Enjeux

Protéger l’humain en cas de choc

Lorsque l’accident survient, ce sont les systèmes de sécurité intrinsèques au véhicule qui sont chargés de limiter les effets du choc sur les occupants.

Pour développer ces systèmes et les évaluer lors de crash tests, les industriels de l’automobile placent, depuis les années 1970, des instruments de mesure anthropomorphes sur les sièges dans l’habitacle : les mannequins. Dans les années 1990 apparaît un nouvel outil, le modèle numérique de corps humain, rendu possible par l’augmentation de la capacité de calcul des ordinateurs. En numérique, le corps humain est modélisé par un assemblage de petits éléments auxquels on assigne des propriétés matériau, et la déformation globale à l’impact est prédite grâce à des équations mathématiques. L’EuroNCAP envisage d’utiliser cet outil dans des crash-tests virtuels d’ici à 2030 pour évaluer la protection offerte par les nouveaux véhicules.

De la pertinence de ces outils physiques et numériques dépend l’efficacité des systèmes de sécurités mis au point par les industriels.

Ces outils représentant le corps humain ont pu être développés grâce à des tests d’impact en laboratoire sur Sujets Humains Post Mortem (SHPM) issus du don du corps à la science. Ces expérimentations sur SHPM ont permis d’une part de générer des corridors de réponse mécanique, aussi appelés corridors de biofidélité, et d’autre part de déterminer les seuils de tolérance avant lésion selon certaines mesures physiques (effort, accélération, déformation, …). Pour les modèles numériques de corps humain, on est allé encore plus loin avec des essais mécaniques sur des tissus biologiques (os, cartilages, muscles, organes abdominaux, …) afin d’en déterminer les propriétés.

Malgré une recherche qui se déroule depuis plusieurs dizaines d’années, il existe encore de nombreuses marges de progrès pour améliorer la fiabilité et la pertinence des mannequins et des modèles numériques.

Le DTBM y contribue en mettant au point des expérimentations sur SHPM ou tissus biologiques, répliquées sur mannequins physiques ou numériques. Les mesures et observations issues de ces expériences vont servir :

  • à identifier les limites du champ d’application des ces outils (vitesses et direction d’impact, posture initiale),
  • à générer des nouveaux corridors de biofidelité pour des postures ou des sollicitations encore non explorées,
  • à développer des courbes de risques de lésions adaptées aux différents mannequins et modèles numériques.

Par ailleurs, le DTBM développe des méthodes et définit des bonnes pratiques pour rendre aisé et robuste l’utilisation des modèles numériques de corps humain dans des crashs tests virtuels. En effet, la manipulation de ces modèles composés de 2 millions d’éléments revêt une complexité particulière et une connaissance pointue de la chaîne outillée : logiciels avant et après le calcul, ainsi que des codes de calcul eux-mêmes qui peuvent donner des résultats différents pour un même modèle de corps humain.

Nos compétences

Conduite d’expérimentations

Que ce soit sur tissus biologiques, SHPM, ou mannequins physiques, la conduite d’expérimentation est dans l’ADN du CEESAR pour documenter la réponse du corps humain au moyens de nombreux types de mesures (effort, moment, déformation, déplacement, accélération, …) et la comparer avec ses pendants physiques et numériques.

Le CEESAR connaît bien le cadre légal, éthique et scientifique relatif au don du corps à la science et dispose de nombreux capteurs et chaînes d’acquisition.

Modèles numériques de corps humains

Nos experts en modélisation savent utiliser plusieurs codes de calcul tels que Radioss, PamCrash (VPS), ou LsDyna, avec leurs suites de pre et post-processing associées (Visual, Ansa, MetaPost, LsPre/Post, …). Ils connaissent également plusieurs modèles de corps humain (GHBM, THUMS, SAFER, …).

Les études impliquant des modèles numériques sont variées : de leur utilisation en l’état pour estimer un risque de lésion dans une configuration d’impact donnée, à leur amélioration directe.

Construction de courbes de risques

Elles peuvent être établies aussi bien pour un mannequin physique que pour un modèle numérique. Nos connaissances en statistique et notre maîtrise des outils de traitement de données (R, SAS, Python) nous permettent de choisir le meilleur critère prédictif d’une lésion et d’y associer une courbe statistique indiquant le risque d’être blessé et la gravité de la lésion. La robustesse statistique à chaque niveau de risque est toujours fourni avec la courbe.

Développement de bancs d’essai

Un montage sur mesure est souvent nécessaire pour délivrer la sollicitation voulue au segment corporel étudié. Le CEESAR s’attèle à finaliser le cahier des charges avec le demandeur d’essai, tenant compte de son protocole expérimental, réalise le design du banc ainsi que son prototypage.

Le CEESAR dispose des compétences CAO nécessaires et d’un atelier de prototypage.

Revue de la littérature

Fondamentale en recherche, c’est le préambule incontournable à une étude. Le CEESAR sait mener une revue de la littérature, et la dimensionner en tenant compte des contraintes temporelles. Elle peut être ciblée sur des journaux et conférences de référence, ou bien balayer plus large en utilisant différentes bibliothèques numériques. In fine, il convient de restituer de manière organisée et synthétique les connaissances acquises lors de la revue.

Imagerie médicale

Nous avons intégré l’imagerie médicale de routine (Tomodensitométrie, IRM) sur les sujets ou pièces anatomiques qui sont testées en expérimentation. Ainsi leur anatomie est documentée de manière très précise. On peut aussi tirer de ces images médicales des informations sur les propriétés matériau des tissus, comme la densité minérale osseuse par exemple, qui permet de déduire l’élasticité de l’os (module d’Young).

Les projets

  • ENOP

    Ce projet étudie la réponse du corps humain dans des postures semi-allongées en cas de choc frontal. L’exigence de protection dans ces postures pourrait devenir prégnant dans le futur si leur usage devient plus fréquent, du fait de la conduite…

    (lire la suite)

  • GHBMC

    L’objectif de ce projet était de fiabiliser l’utilisation des modèles numériques de corps humains « GHBMC » dans les codes de calcul VPS et RADIOSS. Projet terminé ✓ Le GHBMC (Global Human Body Models Consortium) est un consortium international d’industriels de l’automobile,…

    (lire la suite)