Répercussions de la crise COVID et de la transition écologique

La crise COVID19 a relancé le transport individuel, là où le transport collectif apparaissait comme la solution à imposer pour la transition écologique. Elle a aussi accéléré des évolutions qui étaient déjà à l’œuvre, comme la fréquence croissante de comportements irrationnels, venant de certains usagers de la route, facteurs de dangerosité routière, notamment dans nos rues.

L’analyse statistique de l’insécurité routière est délicate, car elle ne résulte pas du comportement du conducteur moyen en situation normale, qui peut s’améliorer lorsque le résultat global se dégrade.

Les tendances marginales observées dans la circulation routière ne doivent donc pas être négligées, car elles peuvent être structurantes de l’insécurité routière : elles devraient faire l’objet d’études fouillées, s’agissant d’un sujet complexe, nécessitant des données détaillées.

Contrairement aux décennies passées, ce besoin de données détaillées n’est toujours pas financé en France. Observé depuis quelques années dans les pays développés, l’arrêt du progrès en sécurité routière résulte de problèmes d’attention, mais probablement aussi d’une brutalisation des comportements, sur lesquels des études de sécurité routière ont été proposées.

Durant les confinements, des analyses ont pointé chez les automobilistes de grands excès de vitesse et des prises de risque irrationnelles. Le résultat en trompe l’œil de 2020 cache probablement une dégradation lorsque rapporté au kilométrage parcouru en voiture.

Parmi les répercussions psychologiques de la crise, de multiples études ne visant pas spécifiquement la route signalent un développement de la radicalité, l’élargissement des réflexes individualistes et intolérants, et un refus des symboles d’autorité, sans que ce soit nécessairement un cas général.

Massivement déployé en 2020, le télétravail réduit la circulation, mais il réduit aussi la régulation naturelle du groupe. Les comportements agressifs peuvent venir d’acteurs nouveaux, ce qui risque d’accroitre les risques routiers lorsque la circulation va reprendre.

Là encore, cette évolution vient percuter des orientations poussées par l’incontournable transition écologique, comme le partage de la chaussée avec de nouvelles mobilités électriques, sans séparation des flux. La stratégie française est sur ce plan originale et avant-gardiste:

Afin de vérifier la pertinence de cette stratégie, il est temps de reprendre la construction d’une base de données détaillée et actualisée de l’accidentologie française, notamment dans le domaine urbain, pour caractériser les scénarios à risque auxquels nous seront confrontés dans les années à venir.

Les industriels sont demandeurs de ces scénarios, et les pouvoirs publics français ont tout intérêt à ce que les scénarios à risque, qui peuvent être spécifiques des usages français, soient rapidement intégrés dans les spécifications des futurs véhicules et infrastructures.

 

Philippe CHRETIEN (Délégué Général)